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                     Après le bac, André Rau s'inscrit dans une fac de droit. Pour rentrer, il devait prendre le bus et avait tous les soirs une demi-heure d’attente à la gare de Stuttgart. Pour passer le temps, il achète des magazines de mode internationaux. En les feuilletant et en regardant les mannequins qui y posaient, il eut envie de les rencontrer et de les photographier. Après un mois d’université, il se rend à Paris pour découvrir le milieu de la mode et rencontre Hans Feurer. "Cette rencontre m’a vraiment décidé à faire de ma passion un métier. J’avais alors 19 ans et je ne suis plus jamais retourné sur les bancs de l’université".

     

                   Par la suite, il devient l’assistant d’un photographe, reconnu aujourd'hui : Peter Lindbergh. En même temps, il rencontre Francky Mayer avec lequel il commence à travailler pour un journal allemand destiné aux teenagers. "C’était mes premières photos professionnelles. Tout en restant assistant, cela m’a permis de me constituer un dossier avec des parutions". Quand il quitte Peter Lindbergh, il présente un book à Lucia Raffaelli qui était chef de la mode au Vogue italien et commence à travailler pour ce magazine. Il n'a que 21 ans et découvre le plaisir d'être édité. "J’étais très fier. En plus, c’était une pleine page et l’impression était d’une qualité supérieure à ce que j’attendais".

     

                   André Rau se reconnaît à travers deux styles principaux. Un spontané et naturel, celui de ses débuts et celui qu'il a maintenant qu'il qualifie de sophistiqué et propre.

     

                  Ce dernier style semble aujourd'hui la marque de reconnaissance d'André Rau. "Je trouvais que les pellicules couleur existantes étaient un peu ennuyeuses et je souhaitais faire des images couleur qui aient la même force que celles en noir et blanc. Avec mon assistant, Christophe, nous avons fait des recherches en essayant de voir comment on pouvait obtenir des images couleur qui puissent faire rêver. On a testé plusieurs choses sur l’ensemble du processus photo et parmi les différents résultats nous nous sommes arrêtés sur celui qu’instinctivement nous pensions être le bon". Bien qu'il aime, avant tout, la couleur, il peut très bien s’en passer. En fait, tout dépend de son humeur, de l’image qu'il a envie de donner.

     

                   André Rau a eu la chance de travailler avec les plus grands noms de la mode, du cinéma et de la musique. Mais, son approche photographique est différente selon la personnalité. Il faut être plus attentif quand on regarde une star. Le travail est souvent plus long, mais plus intéressant. Trois stars l'ont marqué : Isabelle Adjani (Isabelle fut la première star qu'il photographia. Il la rencontra par l'intermédiaire de Thibault Vabre, bon ami et grand maquilleur), Catherine Deneuve et Isabella Rossellini. Néanmoins, André Rau aurait aimé photographier Marlène Dietrich, parce qu'il adora ses films et qu’elle etait allemande comme lui.

     

     

           Il admire certains photographes comme Kertész, Stieglitz, Newton ou Bourdin. Mais, c’est la photo en général qu'il aime et tous les styles différents qui en font justement sa richesse. Il a été d'ailleurs marqué par une photo de presse : celle d’un Vietnamien debout qui est exécuté d’une balle dans la tête. "Cette photo est d’une puissance incroyable".

            Un de ses meilleurs souvenirs photographiques se manifesta lors du tournage avec Roman Polanski et ses acteurs sur le film "Pirate". Le pire souvenir etant celui d’avoir appris la disparition de Patrick Kelly (un créateur de mode) lors d'une séance photo.

                Ce qu'il aime le plus dans son métier, c'est le contact avec les gens qui l'entourent. Il travaille vraiment en famille avec son équipe et aime mettre tout le monde en confiance, en les laissant travailler tels qu’ils le sentent. "Franchement, pour moi, la plus grande satisfaction, c’est lorsque tout le monde est content de son travail et du résultat final, c’est-à-dire quand le travail de chacun a été respecté et mis en valeur". Néanmoins, les ragots, colportés par le milieu de la mode, n'apparaissent vraiment pas être sa tasse de thé : "Dieu sait que le milieu en est friand".

                André Rau conseille à tous les apprentis photographes qui veulent se lancer dans la photographie de mode, c'est de faire une école. "C’est ce que je n’ai pas fait et ils n’ont pas voulu de moi". C’est à son avis le meilleur moyen d’apprendre la base technique du métier. Puis devenir l’assistant d’un bon photographe. "Ça te permet de voir comment s’organise une séance de photo, les réflexes à avoir, les erreurs à ne pas commettre. Ensuite ne pas trop traîner comme assistant et quitter le photographe pour faire ses propres photos".

     


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